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vivia1950 Pour la bibliothèque 09-11-04 à 17:42 |
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Sivko-Bourko
Il était une fois un vieil homme qui avait trois fils. Le plus jeune, Ivandourak, ne faisait jamais rien. Ses seules occupations étaient de rester assis à côté de la cheminée et de se moucher. Le vieil homme avant de mourir, fit venir ses trois fils et leur dit:
- Mes enfants, quand je mourrai, vous viendrez à tour de rôle sur ma tombe pendant trois nuits et vous dormirez près de moi.
Il mourut et on l'enterra.
La première nuit, c'était à l'aîné de se rendre sur la tombe, mais moitié par paresse, moitié par peur, il n'en avait guère envie. Il dit à son jeune frère:
- Ivandourak, va donc passer la nuit sur la tombe de notre père. Tu n'as encore jamais rien fait !
Alors, Ivandourak se prépara et il alla se coucher sur la tombe. Soudain, à minuit, la tombe s'entr'ouvrit et le vieillard apparut.
- Qui est là ? Est-ce toi mon fils aîné ? - interrogea le vieux père dans l'ombre?
- Non, cher père, c'est moi, Ivandourak.
Le vieil homme lui demanda:
- Pourquoi donc mon fils aîné n'est pas là ?
- Cher père, c'est qu'il m'a envoyé à sa place.
- Eh bien, ce sera pour ton bonheur !
Sur ces mots, le vieillard siffla de manière stridente et prononça une formule magique: "Sivko-Bourko, merveille des chevaux". La terre se mit à trembler sous ses sabots et Sivko apparut. De ses yeux jaillissaient des étincelles, et de ses naseaux sortaient des panaches de fumée.
- Voilà un bon cheval pour toi, mon fils. Et toi, mon cheval, je t'ordonne d'obéir à mon fils ainsi que tu m'as toujours obéi ! - dit le vieillard, avant de redisparaître dans sa tombe.
Ivandourak observa Sivko, le caressa et le laissa partir. Puis il rentra seul à la maison. Le lendemain matin, ses frères étaient curieux:
- Alors, Ivandourak, as-tu passé une bonne nuit ?
- Très bonne, mes frères, très bonne !
La nuit suivante arriva. Le fils cadet ne voulait pas non plus passer la nuit auprès de son père:
- Ivandourak! Va donc sur la tombe de notre père et passes-y la nuit à ma place !
Sans mot dire, Ivandourak se prépara et descendit vers la tombe où il s'étendit. A minuit, comme la nuit précédente, la tombe s'entr'ouvrit, le vieux père en sortit et demanda:
- Est-ce toi, mon cadet ?
- Non, répondit Ivandourak, c'est encore moi, cher père !
Le vieillard fit résonner sa voix de Stentor et lança son sifflement: "Sivko-Bourko, merveille des chevaux ". La terre se mit à trembler et Sivko apparut. De ses yeux jaillissaient des étincelles, et de ses naseaux sortaient des panaches de fumée.
- Bourko, comme tu m'as toujours obéi, je t'ordonne d'obéir à mon fils. Va maintenant !
Bourko disparut, le vieillard rentra dans sa tombe et Ivandourak retourna chez lui. A nouveau, les frères demandèrent:
- Ivandourak, comment s'est passée la nuit ?
- Très bien, mes frères, très bien !
La troisième nuit, c'était au tour d'Ivandourak. Il ne se fit pas prier, il se prépara et alla s'étendre sur la tombe. A minuit, le vieux père apparut comme les autres fois. Il savait qu'Ivandourak serait là. Pour lui une troisième fois, il fit résonner sa voix puissante et lança son sifflement: "Sivko-Bourko, merveille des chevaux ". La terre se mit à trembler, Sivko apparut. De ses yeux jaillissaient des étincelles, et de ses naseaux sortaient des panaches de fumée.
- Bourko, comme tu m'as toujours obéi, je t'ordonne d'obéir à mon fils.
Ayant dit, le vieillard prit congé d'Ivandourak et se recoucha dans sa tombe. Ivandourak caressa le moreau avec douceur, et rentra seul à la maison. Encore une fois, ses frères l'interrogèrent.
- Ivandourak, comment s'est passée la nuit ?
- Très bien, vraiment bien, mes frères !
Le temps passa. Les deux frères travaillaient et Ivandourak ne faisait toujours rien. Un jour, le tsar fit circuler un avis. Si un garçon était capable de décrocher le portrait de sa fille, tout en haut du mur de rondins de sa demeure, il lui donnerait sa fille en mariage. Les frères décidèrent d'aller voir qui pourrait bien attraper le portrait si haut placé. Ivandourak était là, assis près de la cheminée et il leur dit:
- Mes frères, donnez-moi un cheval, n'importe lequel, que je puisse y aller moi aussi.
- Reste donc ici près de ta cheminée! - lui répondirent ses frères méchamment - Pourquoi irais-tu là-bas ? Pour que tout le monde se moque de toi ?
Mais impossible de se débarrasser d'Ivandourak qui insistait
- Bon, pauvre sot, tu n'as qu'à prendre la jument à trois pattes.
Et les frères partirent tous les deux. Ivandourak derrière eux traversa champs et prairies. Au milieu d'une grasse prairie, il descendit de sa pauvre jument fatiguée, lui retira ses harnais et s'éloigna à pied après lui avoir accordé la liberté. Un peu plus loin, il se mit à siffler puis à crier d'une voix de Stentor: "Sivko-Bourko, merveille des chevaux". La terre trembla, et Sivko apparut. De ses yeux jaillissaient des flammes, et de ses naseaux sortaient des panaches de fumée. Ivandourak grimpa dans une de ses oreilles pour manger et pour boire. Dans l'autre, il s'habilla avec une telle élégance que même ses frères ne pourraient pas le reconnaître.
Puis, il poursuivit son chemin sur sa monture avec le projet de s'emparer du portrait de la princesse. A son arrivée, il y avait une foule innombrable. On aperçut le jeune homme et on commença à le dévisager. Soudain, Ivandourak prit son élan, bondit avec son cheval... et ne rata le portrait que de la hauteur de trois rondins de bois. On avait vu d'où il était venu, mais personne ne vit où il partit. Il abandonna son cheval en chemin et rentra seul à la maison pour s'installer auprès de sa cheminée. Les frères à leur retour racontèrent à leurs femmes le spectacle qu'ils avaient vu:
- Ah! Il y avait un gaillard, jamais de la vie nous n'en avions vu un pareil ! Il n'a raté le portrait que de trois rondins. Nous avons vu d'où il est venu, mais où-est il parti ? Nous ne le savons pas. En tout cas c'est sûr, il reviendra !
Ivandourak au coin de sa cheminée intervint:
- Et moi, n'étais-je point là-bas ?
- Va t'en au diable! Tu aurais mieux fait de rester à côté de ton feu et de t'occuper de ton nez.
Le temps passa encore. Le tsar renouvela sa proposition. Les frères décidèrent de retourner là-bas, et Ivandourak les supplia à nouveau:
- Mes frères, je vous en prie, donnez-moi un cheval, n'importe lequel.
Ils lui répondirent :
- Reste à la maison, idiot, tu vas encore nous faire perdre un cheval.
Mais encore une fois ils ne purent le décourager. Et Ivandourak partit sur une jument boiteuse. A nouveau, en chemin il lui rendit la liberté. Puis, après un sifflement strident, il prit une voix de Stentor: "Sivko-Bourko, merveille des chevaux". La terre trembla, et Sivko apparut. De ses yeux jaillissaient des flammes, et de ses naseaux sortaient des panaches de fumée. Ivandourak grimpa dans son oreille droite pour s'y vêtir, et passa dans la gauche pour se faire élégant, puis il se remit en selle. Cette fois, il ne rata le portrait que de deux rondins de bois. On avait bien vu d'où il était venu, mais personne ne savait où il s'en était allé. Il abandonna son cheval et rentra à la maison à côté de sa cheminée. Les frères s'exclamèrent en rentrant:
- Le même gaillard est venu, et il n'a raté le portrait que de deux rondins !
Ivandourak leur demanda:
- Mes frères ! Et moi n'étais-je point là-bas ?
- Tais-toi, pauvre niais. Où étais-tu donc? Avec le diable!
Au bout de quelques semaines le tsar répéta une troisième fois son appel. Les frères se préparèrent et Ivandourak renouvela ses suppliques:
- Donnez-moi un cheval. Je veux aller voir moi aussi.
- Reste ici, idiot, jusqu'à quand vas-tu consommer nos chevaux ?
Mais, rien à faire. Alors ils lui laissèrent un pauvre cheval malade, maigre comme une haridelle. Ivandourak lui donna aussi la liberté, puis il poussa son cri : "Sivko-Bourko, merveille des chevaux ". La terre trembla, et Sivko apparut. De ses yeux jaillissaient des flammes, et de ses naseaux des panaches de fumée. Ivandourak grimpa dans une de ses oreilles, y mangea et y but. Dans l'autre, il s'habilla avec élégance puis il se remit en chemin. A son arrivée au palais du tsar, d'un bond il enleva le portrait et le ruban brodé qu'y avait accroché la princesse. Personne ne vit dans quelle direction il partit. Et il rentra comme d'habitude à la maison et écouta les paroles d'admiration de ses frères:
- Oui, cette fois-ci, le gaillard a pris un tel élan qu'il a décroché le portrait !
Et Ivandourak d'ajouter:
- Mes frères, et n'étais-ce point moi là-bas ?
- Tu étais encore au diable !
Un peu plus tard, le tsar organisait un bal. Il invitait les boyards, les gouverneurs, les princes, les conseillers, les sénateurs, les marchands, les bourgeois et les paysans. Les frères d'Ivandourak décidèrent de s'y rendre. Lui, il devait rester là, à bâiller auprès de sa cheminée. La fille du tsar, pleine de gentillesse, accueillait les invités, leur apportait de la bière, attentive à voir l'un d'eux arborer son ruban brodé. Mais en vain. Et elle ne vit pas Ivandourak non plus. Les invités se dispersèrent. Le lendemain, le tsar donnait un nouveau bal. Toujours impossible de trouver celui qui avait pris le ruban. Le troisième jour, la princesse apportait encore elle-même la bière aux invités. Elle veilla à n'en pas oublier un seul. Mais aucun n'avait son ruban brodé. Alors elle pensa tristement que son fiancé n'était pas là. Puis elle regarda à côté de la cheminée et aperçu Ivandourak. Ses habits étaient des guenilles, couverts de noir de fumée. Et ses cheveux étaient ébouriffés. Elle lui versa tout de même un verre de bière et le lui apporta. Les frères regardaient et pensaient :
- Comment une telle princesse peut-elle porter de la bière à un tel misérable !
Ivandourak but jusqu'à la dernière goutte et sortit de sa poche le ruban brodé pour essuyer ses lèvres. En apercevant son ruban, la princesse éclata de joie, elle prit Ivandourak par la main pour le présenter à son père:
Père, voilà mon fiancé.
Les frères enrageaient, le coeur transpercé par le poignard de la jalousie:
- Qu'est ce que c'est que cette princesse! Elle a perdu la tête! Elle prend pour fiancé un imbécile. - pensaient-ils.
Les discussions furent brèves et le festin du mariage délicieux. Notre Ivandourak changea de nom pour s'appeler Ivan le Gendre du Tsar. On lui apprit les meilleures choses, on le nettoya, et on en fit un joli gaillard parmi les gaillards. On ne le reconnaissait plus.
C'est alors que ses frères comprirent qu'est grand celui qui sait respecter les volontés de son père.
"Ivandourak" signifie "Jean le sot" "Sivko Bourko" signifie cheval gris-brun qu'on appelle aussi moreau.
http://cartables.net/links/Langue_francaise/Lire/Contes/
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laroute50 Re:Pour la bibliothèque 09-11-04 à 18:24 |
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Merci pour ce superbe conte.......et peut-etre d'autres! Merci |
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Trinity Re:Re:Pour la bibliothèque 10-11-04 à 01:29 |
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quelle belle histoire ! merci beaucoup voila ce qui inaugure bien la Bibliothèque |
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phisalys Re:Re:Re:Pour la bibliothèque 10-11-04 à 10:30 |
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ben dis donc pas si neuneu la vivie lolllll |
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sayang Joli! 10-11-04 à 10:56 |
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Merciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii! |
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vass Re:Joli! 10-11-04 à 12:50 |
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bravvo!encore encore encore! |
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klem Re:Re:Joli! 11-11-04 à 22:57 |
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sympa comme histoire, tres a la cendrillon mais genial pour notre nouvelle bibliotheque... |
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