Four, Poêle ou Petchka :


Le poêle ou "petchka", accessoire vital pour l'habitation, est construit généralement en brique et en plâtre, ou torchi réfractaire. Il existe aussi des poêles en fonte métallique. En effet, bien que les murs des izbas soient de bois, l'un des meilleurs isolants thermiques, les températures hivernales dans l'Est profond peuvent descendre à –40C°.

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Le Domovoy, qui n'est pas grand, peut se loger sous le poêle.

Parce qu'il se loge près du feu, le Domovoï est associé au feu par les folkloristes russes dans leur classement par éléments, mais aussi parce que dans la pénombre les pupilles du Domovoï, brillent comme des braises ardentes.

Le poêle russe, bien qu'en briques réfractaires, ne doit pas toucher le plancher de l'izba. Pour éviter l'incendie, le poêle est surélevé.

Rites :
Dans le Nord de la Russie, lors du repas funéraire, le jour de l'enterrement, on met le couvert destiné au défunt sur le poêle, "pour qu'il se réchauffe." Mais mourir sur le poêle était considéré comme un grand péché.

Des procédés magiques permettaient d'apercevoir les défunts en visite. Pour cela, les croyances russes et biélorusses imposent de s'asseoir sur le poêle et d'y rester toute la journée sans manger et sans parler ; alors, le soir, on voit les morts se mettre à table et même nous apprendre ce qu'ils ont volé de leur vivant, car ils traînent leurs larcins derrière eux.

Le four, au coeur de l'izba, était également conçu pour cuire du pain, sécher toute sorte de nourriture, chauffer l'eau du bain, sécher le sel, etc .

La "petchka" est aussi l'endroit où jusqu'au début de ce siècle on faisait encore les divinations, on pratiquait de petits sacrifices symboliques et la magie médicinale. Par exemple la coutume d'arroser de bière la poutre du poêle, pour que tout aille bien dans la maison, ou d'introduire dans l'embouchure du poêle (refroidi) un enfant malade posé sur la pelle à pain


Le lien systématique des jeux des jeunes lors des veillées avec cet endroit reflète le sens sacré attribué autrefois à ces emplacements de l'izba du Nord de la Russie. Ce jeu, et en particulier son début, étaient considérés comme l'un des moyens efficaces d'entrer en relation avec les esprits de la maison, qui sont directement liés aux esprits des ancêtres. Les ancêtres invisibles, assistent alors aux jeux, non seulement comme spectateurs, mais comme acteurs directs.

Dans la paroisse de Jalgub (province d'Olonec) à la fin du siècle dernier, aux veillées du Grand Carême, on jouait à une variante de stolbuški, dans laquelle est encore visible un lien étroit entre le "mariage en chaîne" des jeunes et le lieu de séjour des ancêtres : le poêle, d'où on annonce qui doit se mettre avec qui.

Ce jeu se déroule ainsi : Un garçon se place au coin du poêle et s'y appuie en faisant mine de tendre l'oreille, et crie : "Le poêle craque !" Les filles demandent : "Qui annonce-t-il ? Qui traîne-t-il?". Le garçon répond : "Une fille !" Les filles demandent : "Comment s'appelle-t'-elle ? le garçon nomme une des filles présentes, celle-ci va vers lui et l'embrasse. Le garçon s'en va, et la fille reste près du poêle". Ensuite le dialogue se répète, simplement cette fois on appelle un garçon.

Ce droit "coeur du foyer" est capital, puisque la symbolique même de ce jeu de "mariage en chaîne" de tous les participants à la veillée, se situe près du pilier du poêle ou de son embouchure. Cet une caractéristique des jeux appelés "stolbuški" ou "gorjun", comparables avec un autre "rite du pilier" ("stolbovoj obrjad"), partie importante des rites de mariage, au cours de laquelle les futurs mariés sont bénis par un "vieillard" déguisé assis près du montant du poêle.

Pendant le discours des marieurs, la future fiancée remue les braises, ou monte sur le poêle; si, sur leur demande, elle en descend, elle exprime par là son accord, elle est prête à quitter le foyer paternel pour la maison future.

A côté du four, se trouvent des accessoires, un tisonnier, une pelle a pain etc. Le plus célèbre s'appelle l'éventail du poêle ou le balai. On le rangeait à côté du poêle, toujours verticalement. La différence la plus radicale entre le "balai" et tout autre "arbre" de l'izba (poutre maîtresse, solive, chevron, piliers du poêle, etc.) réside dans le fait qu'on le considérait comme " vivant " et non comme "mort". Il est même très possible que ce soit par analogie avec ses branches de pin qui apparaissent toujours vertes à travers la suie.

Dans les maisons paysanne le poêle était situé au Nord. A l’opposé, tourné vers le Sud-Est, se dressait une table au-dessus de laquelle était suspendue une icône.

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